Mots et couleurs : analyse des néologismes chromatiques en français contemporain
Claudio Grimaldi  1, *@  
1 : Université de Naples "Parthenope"
* : Auteur correspondant

Sur le plan linguistique les couleurs représentent un champ d'investigation particulièrement intéressant qui peut être abordé sous plusieurs points de vue (entre autres, comparatif, cognitif, psycholinguistique, évolutif). Dans ce domaine de recherche une attention particulière a été portée au fil des dernières années sur les termes chromatiques (voir, à ce propos, les Dictionnaires des mots et expressions de couleur de Mollard-Desfour : 1998, 2000, 2002, 2004, 2005, 2008, 2012, 2015), notamment en ce qui concerne les dénominations de couleur dans le domaine de la mode qui témoignent du caractère évolutif et novateur – d'ailleurs, très significatif – de ce champ linguistique d'études (voir, la thèse de Krysolova : 2005). Les textes du secteur de la mode (magazines, pages web, catalogues, journaux) s'avèrent être, en effet, une source non négligeable de nouvelles structures linguistiques de termes chromatiques qui sont fortement influencées par les évolutions sociales et, donc, par des facteurs extralinguistiques.

D'un point de vue général, comme l'affirme Mollard-Desfour (2008), « la langue structure le domaine des couleurs en découpant, dans le continuum du spectre, de grandes divisions : les “champs chromatiques” qui correspondent aux diverses tonalités ». Étant donné que dans la langue française et dans les autres cultures occidentales il existe onze champs de couleur qui sont désignés par des termes génériques (noir, blanc, rouge, jaune, vert, bleu, brun, gris, violet, orange, rose), on peut affirmer que sur le plan conceptuel toute autre dénomination de couleur est liée à un terme générique de couleur qui au niveau linguistique est souvent associé à un autre nom de couleur ou à un mot modificateur (tendre, pâle, foncé), le plus souvent référentiel, qui traduit une nuance ou une tonalité.

Dans notre contribution nous nous proposons d'analyser la structure linguistique des néologismes chromatiques en français contemporain, en focalisant notre attention, d'une part, sur les structures syntagmatiques nominales qui sont composées par un nom et un adjectif (N+adj) et, d'autre part, sur les structures syntagmatiques plus complexes, à savoir des locutions nominales de couleur composées de plusieurs noms (N+N, N+N+N, N+prép+N) ayant la fonction de préciser la couleur même. À notre avis, l'ensemble des structures prises en considération, tirées d'un corpus de textes différents du domaine de la mode datant de la dernière décennie, témoignent d'une extrême variété des référents qui permettent de décrire de manière plus ou moins efficace les nuances d'une teinte donnée. De même, les exemples analysés permettront de mettre en valeur la présence de plusieurs typologies de néologismes, dont certains d'entre eux, bien qu'ils soient éphémères sur le plan de la lexicalisation, se révèlent particulièrement représentatifs de la société et de la culture actuelle.



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