La perception des néologismes : une étude des connotations basée sur la sémantique différentielle
Elisabet Llopart Saumell  1, 2@  
1 : Universitat Pompeu Fabra
2 : Universitat d'Alacant

Dans l'étude des fonctions des néologismes (Llopart-Saumell, 2016), on constate que la dichotomie néologisme dénominatif et néologisme stylistique est une construction théorique qui n'a pas une corrélation dans la pratique. En ce sens, on observe que le facteur utilisé pour classifier les néologismes en dénominatifs ou stylistiques est purement intuitif. Si nous nous concentrons sur l'étude des néologismes qui ont des caractéristiques prototypiques de la fonction stylistique, on peut voir que la bibliographie identifie les caractéristiques qui sont le plus souvent liées à ce type d'unités. Cependant, d'un point de vue pratique, sans une analyse détaillée des divers facteurs, c'est impossible de déterminer d'une manière systématique et cohérente quels néologismes ont ces caractéristiques et, par conséquent, quels peuvent être considérés comme des innovations lexicales de type stylistique.

Dans ce travail, nous proposons d'analyser ces types d'innovations lexicales sur la base de la perception des locuteurs. Dans ce sens, nous pensons que cette évaluation intuitive implique différentes caractéristiques linguistiques : morphologiques, sémantiques, pragmatiques et discursives. L'un des éléments linguistiques que nous croyons pertinent d'analyser plus en détail sont les connotations attachées à l'unité, puisque ce fait est étroitement lié à tous les aspects linguistiques mentionnés.

Pour faire ça, nous proposons de réaliser une expérience basée sur la sémantique différentielle d'Osgood (1957). Spécifiquement, un ensemble de néologismes sera sélectionné avec le contexte d'utilisation (une phrase) et pour chaque néologisme nous choisirons des adjectifs avec de sens différents et aussi avec différents degrés d'affectivité et subjectivité. Donc, il y aura des adjectifs « marqués », dans le sens qu'ils montrent des connotations stylistiques, subjectives ou idéologiques (Espiño, 1985 : 131-132), et « non marqués », c'est à dire, sans connotations. Bien que, comme son nom l'indique, les aspects sémantiques seront analysés, nous croyons que quand cette tâche est réalisée, le locuteur prend également en compte d'autres aspects du néologisme : la forme de l'unité (quel processus de formation a suivi, s'il s'agit d'une forme productive ou non, si elle est déviée de la règle...) et comment le néologisme est inséré dans le discours (s'il y a d'autres éléments stylistiques, si on observe des valeurs pragmatiques...). Dans ce sens, il est possible que l'unité transgresse certains principes de communication de Grice.

Ainsi, avec ces résultats, nous pouvons voir s'il y a une coïncidence dans la perception des différents locuteurs. En définitif, d'un point de vue qualitatif avec des données quantitatives et analysables statistiquement, nous voulons étudier ce « je ne sais quoi » que certaines unités présentent et qu'intuitivement sont considérées comme stylistiques. Ça ne veut pas dire qu'elles n'ont pas une fonction référentielle ; mis à part le fait qu'elles identifient un référent, ils expriment quelque chose de plus vers le concept qu'ils désignent. Nous comprenons donc que, d'un point de vue théorique, tous les néologismes présentent une fonction référentielle, bien que dans certains cas, d'autres intentions communicatives prévalent ; comme indiqué par Payrató (1988/1996 : 37) et Escandell-Vidal (2014 : 14) en ce qui concerne les fonctions du langage de Jakobson.


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