Néologicité et dictionnairiabilité : deux conditions inverses ?
Elisenda Bernal  1, *  , Judit Freixa  1, *@  , Sergi Torner  1, *@  
1 : Institut de Lingüística Aplicada, Universitat Pompeu Fabra
* : Auteur correspondant

Si l'on assume que la néologicité est une condition variable et quantifiable de la nouveauté d'un néologisme et que la dictionnairiabilité est également une condition variable et quantifiable en ce qui concerne le caractère de dictionnairisation d'un néologisme, une question émerge alors qui devrait être étudiée du point de vue théorique et méthodologique : quelle est la relation que ces deux conditions entretiennent?

La réflexion sur la néologicité ou le caractère plus ou moins néologique des mots nouveaux a pris naissance il y a quelques décennies dans le contexte francophone (avec Gardin 1974 et plus tard avec Sablayrolles 2003 et 2006, et Bouzidi 2010), bien que ces dernières années elle ait vécu un grand élan en Espagne (Estornell 2009, Varo 2013, Sánchez Manzanares 2013) et surtout en Catalogne (Cabré et al. 2004, Estopà 2009, Freixa 2010, Bernal 2015, etc.). Dès son origine, la réflexion sur la dictionnairiabilité des néologismes, à son tour, a fait partie de la pratique lexicographique, mais depuis quelques années il existe aussi comme une ligne de recherche théorique elle-même (Ishikawa 2006, Adelstein et Freixa 2014, Freixa 2016), avec laquelle on a identifié des critères pour déterminer les unités qui sont plus pertinentes pour la mise à jour des dictionnaires généraux: la fréquence d'apparition, la stabilité de l'usage, la représentativité dans les divers registres et usages géolectales, la complétion des séries dérivatives, etc.

D'autre part, la réflexion sur la relation entre la néologicité et la dictionnairiabilité n'a été soulevée que très récemment. Sánchez Manzanares plaide pour une relation inverse entre ces deux notions (« a mayor valor neológico, menor probabilidad de registro lexicográfico » Sánchez Manzanares 2013: 112), mais étant donné la complexité de la notion de néologicité et les multiples façons de la dimensionner, on trouve de nombreux exemples qui mettent en cause cette hypothèse.

Au vu de ce qui vient d'être dit, le but de notre communication est d'explorer les différentes réponses à la question de la recherche proposée en prenant comme point de départ l'examen de la bibliographie existante sur les notions impliquées et les données du projet Neómetro (La medición de la neologicidad y la diccionariabilidad de los neologismos del español, FFI2016-79129-P) qui se développe à l'Université Pompeu Fabra de Barcelone. Pour ce faire, on analise d'abord un échantillon initial de 1000 unités néologiques de l'espagnol dont on identifie les facteurs sémantiques, formels et d'usage qui en caractérisent le degré de néologicité, et on les met en relation avec les critères qui doivent être pris en considération pour son éventuelle inclusion dans les dictionnaires généraux de la langue espagnole.


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