La diversification des points de vue comme processus de déterminologisation : étude en corpus dans le domaine de la physique des particules
Anne Condamines  1, *@  , Aurélie Picton  2, *@  , Julie Humbert-Droz  1, 2, *@  
1 : Cognition, Langues, Langage, Ergonomie  (CLLE-ERSS)  -  Site web
Université Toulouse 2, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5263
Maison de La Recherche 5 Allées Antonio Machado 31058 TOULOUSE CEDEX 9 -  France
2 : Département de traitement informatique multilingue [Genève]  (TIM)  -  Site web
* : Auteur correspondant

La déterminologisation, entendue comme intégration de termes dans le lexique commun [13][16], participe du renouvellement lexical des langues [1]. En ce sens, elle relève à part entière de la problématique de la néologie [12][19][21]. Toutefois, contrairement au processus de terminologisation (e.g. [5]), elle n'a fait l'objet que de peu d'études (e.g. [22][11]). Notre proposition consiste en une étude outillée de ce phénomène en corpus dans la perspective d'en proposer une description systématique.

À la suite de nos travaux dans le domaine du spatial [8][9], nous proposons une étude basée sur l'analyse comparée de corpus, cette fois-ci en physique des particules. Comme toujours en linguistique de corpus, deux aspects majeurs apparaissent lors de la mise en place de l'étude : la constitution du corpus et la méthode d'analyse. Dans la terminologie textuelle, l'analyse est toujours basée sur l'examen des contextes des termes-candidats et, très souvent, c'est de la comparaison entre différents corpus que naît une description pertinente pour la problématique étudiée [7]. Dans le cas de la déterminologisation, la constitution des corpus passe par une réflexion sur les canaux (les médias) que peuvent emprunter les termes pour passer d'un usage expert à un usage « général ». Pour la physique des particules (et le même constat avait été fait pour le spatial), différents médias peuvent être identifiés, qui représentent plusieurs étapes du processus de déterminologisation, et qui constituent chacun de nos sous-corpus :

- thèses et articles spécialisés, pour leur rôle de diffusion dans la communauté experte [4] (994 875 occurrences)

- communiqués de presse et rapports d'activité, pour leur rôle d'intermédiaires entre experts et journalistes [6][18] (1 352 193 occurrences)

- et presse généraliste, pour son rôle de diffusion auprès du grand public [1][17] (1 098 708 occurrences).

Dans ce contexte, nos premières observations basées sur des analyses comparées assistées par des outils – extracteur de candidats-termes (TermoStat [10]), méthodes lexicométriques (ici la fonction keyness d'AntConc [2]), ressources externes (MAR-REL, [14][20]) – ont permis de mettre au jour un phénomène peu étudié jusqu'à présent : l'analyse des contextes des candidats-termes met en évidence la présence de contextes riches en connaissances (CRC) [15] assez différents dans les trois sous-corpus. Dans les deux premiers, les CRC sont associés surtout à des définitions ontologiques. Dans le cas de la presse en revanche, en plus de marqueurs ontologiques, apparaissent souvent des éléments associés à la prise en compte de divers points de vue sur les concepts, supposés concerner les lecteurs. Ces points de vue prennent alors deux formes :

  • l'accent est mis sur l'utilisation de la physique des particules dans différents domaines (médecine, archéologie, ...) susceptibles d'intéresser le grand public
  • l'accent est mis sur le côté extraordinaire voire mystérieux des concepts (lexique métaphorique, adjectifs relevant du merveilleux...).
  • Sur la base de ces données et résultats, nous proposons d'alimenter la réflexion sur la caractérisation de la déterminologisation. Nous discuterons en particulier du fait que la déterminologisation (en tout cas en physique des particules), pourrait s'inscrire dans un processus de déspécialisation de la connaissance qui passe par la prise en compte des motivations du grand public.



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